Avec son posthume (et postiche) Horizon funèbre, l’électronicien radouL branK signait en 2008 l’épitaphe de sa discographie. Du moins le crut-on, car le voilà qui ressuscite d’entre les morts pour livrer 17 inédits, qui s’échelonnent donc sur… 63 ans ! Une carrière bien sûr fantasmée puisque cette compilation rassemble en réalité cinq années de créations musicales et de remixes (de 2007 à 2012), dont une bonne poignée de titres composés pour des spectacles de la compagnie Art Zygote. Ce sont d’abord ces morceaux qui rappellent combien radouL est tout sauf branque pour braquer l’oreille et l’embarquer à coups de comptines un peu braques. Lorgnant sur les traces du compositeur François de Roubaix et ses musiques de films seventies, l’ami radouL révèle un même don de mélodiste intuitif, prince des synthétiseurs vintage. Parenthèse ambient aux rondeurs cotonneuses (« Alice »), ritournelle qui carillonne sur les bourdonnements d’un choeur d’abeilles (« Pour que ça va mieux »), boîte à musique d’où s’échappe en roue libre une rythmique effrénée (« J’ai la taille de ce que je vois »), ou inquiétante bande-son d’un manoir perdu dans la brume d’une vieille série B (« La mort ») : l’album enfile les perles mélodiques, symphonies miniatures et attrape-coeur, entre candeur enfantine et mélancolie bien adulte.
Avec toujours cette heureuse alliance de sonorités délibérément rétros et d’une production à la pointe des machines actuelles. De sorte que si l’on réécoutait ces morceaux dans 100 ans, leur carbone 14 inédit les rendrait sans doute indatables. Voire même intemporels.