L’histoire pourrait commencer un soir dans un café perdu au milieu du désert, une pause salutaire après d’interminables kilomètres à brûler l’or noir. Nous serions assis à cette table, à quelques mètres seulement de la scène. Une masse de gens hétéroclite, sans âge, serait là. Réunie sans doute par le besoin de se sentir vivant à l’écoute de ce groupe de folk-rock enchaînant les morceaux sans détour. Seb Zerah serait de la fête forcément, lui qui fait partie de ces artistes nomades, contant leurs histoires d’amours impossibles et leurs rêves de vies nouvelles à qui veut bien les écouter. Officiant dans le département depuis déjà quelques années, le chanteur multi-instrumentiste sort aujourd’hui son premier album. À entendre cette grosse douzaine de titres à l’élégance folk certaine, on peut sentir tout l’amour que porte à la six-cordes ce fin mélodiste. Ses compositions habillées d’accords feutrés accompagnent à merveille son chant. Et les arrangements musicaux, certes de factures classiques, donnent à des titres comme « Drive Out » ou « When the sunrise keeps my soul » une vraie puissance évocatrice. C’est sans conteste là que la musique de Seb Zerah convainc le plus, lorsqu’elle fait entrer l’auditeur dans une histoire à la fois personnelle et universelle, une toile de fond pour projection privée.
Puisqu’il est déjà trop tard pour reprendre la route, nous resterons ici, à profiter encore un peu de cette ambiance jusqu’à ce que les lumières s’épuisent. Ce n’était pas un rêve. Et quand bien même, qu’est-ce que cela changerait ?