Throw Me Off The Bridge – en français : jettez moi du pont – est le nouveau projet solo de Quentin Sauvé, chanteur guitariste du groupe As We Draw. C’est aussi une injonction qu’il adresse à tous ses « proches éternels », ses « Everlasting folks », à qui il dédie ce premier album. Digne pourvoyeur de gros riffs de guitare électrique avec As We Draw, Quentin n’a jamais caché son amour pour la six cordes acoustique, fidèle amie d’artistes comme Bon Iver, The Black Atlantic ou encore The Avett Brothers, des groupes qui l’inspirent, une musique – la folk au sens large – qui lui parle et qu’il revendique davantage aujourd’hui.
Lyrisme écorché, mélodies frémissantes et textes poignants, on est saisi par la sincérité de ce musicien qui se met à nu devant nous, et nous parle de ses amis, de son frère, de ses parents ou de ses amours impossibles. Le son est unique, épuré comme on aime, et les textes en anglais sont prononcés avec l’accent d’un pur rustre texan. C’est bien mâché et ça s’accorde avec l’esprit authentique qui règne dans ces sept chansons. Les arrangements sont intentionnellement dépouillés, on se contente d’une guitare, d’une grosse caisse et d’un tambourin, parfois d’un glockenspiel, pour accompagner la voix de Quentin, qui doit frustrer les imberbes, ces éternels puceaux du hérissement de poils ! « I rush against a wall and I don’t care » (je me jette contre un mur et je m’en fous), cette phrase tirée du très beau « Heartfelt » résume bien l’essence de ce premier disque, édité uniquement en vinyle : c’est audacieux, presque risqué, mais tellement bon que le reste, on s’en fout.