Par son premier EP, Touttim – un nom qui désigne le « tout », référence évidente à Audiard, à la culture des mots… – impose une chanson française retrouvée. Sur six morceaux, enregistrés en live studio par l’inarrêtable Thomas Ricou, Joël Flambard (guitare et basse), Erwan Bourcier (accordéon et piano) et Jean-Pierre Pavis (voix et textes) livrent humeurs et bribes de vie, autobiographiques ou contées.
Accordéon ballant, voix posée, cordes arpégées… Et l’interprète d’annoncer « authentique est l’arnaque ». Arnaque ? Non. Il y a du Brel dans ces mots. Du Ferré, aussi. Mi-chanté, mi-parlé, Jean-Pierre Pavis insiste : « Je ne suis pas naïf, je suis superficiel ». La chanson monte, subrepticement, inévitablement… Puis s’éteint, dans une beauté pourtant bien réelle. Sur « Demain », le trio oscille encore, entre mélancolie et brusque envie de taper des mains, gitanie oblige. Sa « violente musique » nous a conquis, baisé même – ouais, faut le dire ! Puis « Que vous sers-je », subtile suite de jeux de mots narrés, prête à Mr Pavis la franchise d’un Bashung. Y a pire.
Bref, chaque fois, Touttim nous enfume. Et d’écouter tranquillement, paisible ou rêveur, le son – impeccablement capté – d’une machine à écrire littéralement jouée, sur la dernière chanson de ce premier disque réussi. Y a rien à dire, y a qu’à goûter et se faire prendre. Avec ravissement.