En ce week-end printanier (14 et 15 mai), on dit au revoir aux salles chaudes et bien rangées. La saison hivernale s’estompe, la Mayenne change de mode. Les champs, les campings, les afters et les toilettes sèches font leur grand retour !

On commence ce vendredi soir (13 mai) en douceur avec le Lavallois Quentin Sauvé et son groupe, Throw me off the bridge, au 6par4. Le quartet vient tout juste de sortir un nouvel ep, April Showers, qu’il dévoile à ses amis et admirateurs en cette veillée. Intimiste, ce mot résume l’heure qu’ils ont passée en notre compagnie entre chansons et intermèdes. Ceux-ci emplis de remerciements, de bonté et de plaisir d’être là. Chansons récentes et plus anciennes ont complété cette heure, avec toujours au centre, la voix de Quentin, particulière, puissante et douloureuse. Le tout mis en valeur avec brio par ses compagnons de route et excellents musiciens, Sébastien Gourdier (basse, claviers), Tom Beaudouin (guitare) et Joris Saïdaini (batterie). Concentrés presque recueillis, ils accompagnent les spectateurs dans leur monde intimiste, savant tissage de leurs vies, espoirs et mélancolie.
On poursuit cette dernière soirée de la saison 15-16 de la salle lavalloise avec un groupe venu de Corée du Sud, Jambinai. Entre tradition et modernité, les cinq musiciens associent instruments rock (basse, batterie, guitare) à différents instruments traditionnels coréens (haegeum, geomungo, taepyeongso et piri). Au fil des chansons, on apprend à écouter, apprivoiser ces instruments qui peuvent se montrer doux et enchanteurs, mais aussi sauvages et secs. Voguant uniquement sur des flots instrumentaux, le groupe oscille entre plages calmes et explosions rock ou post-rock, voire metal, à une vitesse vertigineuse mais calculée. On sent la puissance monter peu à peu, jusqu’à ce point de non-retour. À l’exception peut-être de cette chanson, « Connection », planante tout du long, qui nous laisse un goût de perfection et un sourire sur les lèvres.
Le lendemain (14 mai), changement de lieu, changement de décor, changement de style. Nous partons dans le Sud-Mayenne au festival Ça grézille à Grez-en-Bouère, et ça commence par Wailing Trees. Sept musiciens en osmose, avec un objectif : réchauffer le public et entrer en contact avec les personnes qu’ils ont en face d’eux. Nous danserons, les bras en l’air, portés par le chant dynamique de Riwan et par la puissance, la fougue de ses complices. Ils nous feront chanter leurs refrains, d’amour et de paix, avec eux, pour eux, pour nous. Pendant 1h30, nous étions avec leurs sourires, leur bonne humeur contagieuse, leurs espoirs, leurs rythmes combinant reggae, ska et dub. Ils étaient là, pas décidés à nous quitter, prolongeant ce moment de complicité et de « love » un peu plus encore…
Fraîchement débarqués du monde utopique de Wailing Trees, nous retournons brutalement à la réalité avec les Ramoneurs de Menhir, totalement déchaînés contre le gouvernement, le capitalisme, la mondialisation et ses dérives libérales… Vive la liberté ! Ils ne commenceront leur concert que lorsque les barrières devant la scène seront enlevés… Devant un public fougueux, Loran, Éric, Richard et Gwenaël débutent ce live tant attendu. Dès les premières notes, les premiers pogos font leurs apparitions, pour ne plus s’arrêter. Certains se risquant au slam, tous auront les pieds écrasés… Aucune importance pour le public, qui, attisé par les diatribes du chanteur, Loran (ex-Bérurier Noir), se montre enragé envers et contre tout. Ce mélange détonnant, associant tradition bretonne (biniou, bombarde, chant breton) avec une guitare électrique démesurée, donne un son unique et particulier au punk celtique des Ramoneurs.
Naviguant aussi entre tradition et modernité, Dhakhan Tribe fait son apparition. Le didgeridoo de Ben s’accorde aux synthés analogiques et aux machines hardwares pilotées par Nagual X. Cette fusion mène vers la transe, et fait décoller vers une planète où seul le son est au commande, et fait régner sa loi. Heureuse surprise : sur la dernière chanson du duo, « Explosion », nous avons le droit à un retour sur scène de Loran, qui reprend ses discours précédents sous couvert d’électro. Riwan de Wailing Trees fait aussi son come-back pour prolonger le plaisir de cette chanson, devenue sans fin et unique rien que pour nous.
Alors teufeurs, amoureux de la musique et autres mélomanes, rendez-vous au prochain festival, histoire de respirer et de vivre pendant quelques heures une vie autre, qui nous aspire. Bye.