Après un premier maxi en 98 et quelques productions distribuées « sous le manteau », West Sound sort enfin de son silence discographique. Intitulé Originaire d’la province, le premier album de ce groupe hip hop basé à Mayenne, annonce la couleur : ici pas de wesh wesh, ni de bizness, mais du rap d’la France profonde, qui se fiche bien de la « téci » et des chaînes en or qui brillent. Sur « Home Sweet Home », un tube soul et groovy, co-écrit avec 20Syl d’Hocus Pocus, West Sound revendique ses origines campagnardes et le dit clairement : « on est pas près de changer d’adresse ». Mis à part quelques dérapages verbaux et autres egotrips un peu mégalos (« West Sound, c’est le groupe de rap qui tue en France », ah bon ?), les gars de la west coast se la jouent humbles et profils bas. Pas de rêve de fric, ni de gloire, juste l’espoir de toucher l’auditoire. Livret au design soigné, beats qui claquent et rimes acérées, ce premier album sent la sueur et les larmes, le travail de passionnés… 100% hip hop mais très ouvert musicalement, le « son de l’Ouest » prend parfois des couleurs ragga ou jazzy, alternant productions digitales et ambiances plus acoustiques (« C’est maintenant ou jamais » co-écrit avec Florian Mona, ex Monarica, Mael…).
L’esprit collectif, West Sound invite aussi au micro une flopée de gaziers : les lavallois de Marginal Impact, Black Sad, DJ Raincut et ses scratchs chirurgicaux, Prince d’Arabee (ex-Soul Choc), Seoz… et termine l’affaire en beauté avec un « freestyle apocalyptique » de neuf minutes qui déchire sa mère, comme on dit sur la Côte Ouest.