Trop de noms inconnus dans la programmation des 3 Éléphants ? Peur de passer à côté de la perle rare ? Besoin de conseils ? Sympa, Tranzistor y va de ses recommandations, forcément subjectives et privilégiant les découvertes aux têtes de gondole.

Bateau sur l’eau

Premier conseil : guettez de près les concerts intimistes sur le bateau-concert ou dans les bars. D’abord parce qu’ils sont pour la plupart gratuits, qu’ils offrent un confort d’écoute et un rapport aux musiciens incomparables. Et surtout parce qu’on a l’impression que Jeff Foulon, le programmateur des 3F, a une fâcheuse tendance à y placer ses coups de coeur, le genre de petites perles qui s’apprécient à leur juste valeur dans un écrin privilégié.
Et puis bon, écoutez de la musique « live » tout en voguant au fil de l’eau (le principe du bateau-concert), c’est quand même la classe !

 

Sur le bateau justement, on vous recommande tout ou presque : le vendredi, le folk à la tristesse réconfortante de Broken Twin, piano grave et chant sur lignes de faille. Et le samedi surtout, l’Argentine Juana Molina. Un drôle d’oiseau, au « chant » unique, mélodique, expérimental, complexe et simple à la fois. Hypnotique. C’est le mot. Une invitation au voyage sans destination finale. Une expérience – entre boucles électroniques, transe ancestrale et pop aventureuse – qui ne laisse pas indemne et touche profondément. Vous êtes prévenus.

 

Dernier concert sur le bateau, le dimanche avec le Canadien Sean Nicholas Savage : le gars chante comme un dieu, espérons simplement qu’il ne reproduise pas en live les arrangements un peu cheap de son dernier disque (dignes par endroit du mauvais Gainsbourg des eighties, synthés et boîtes à rythmes à l’avenant).

Bonheur en bar

Dans les rades, on vous conseille chaudement de démarrer votre festival par la yankee Josephine Foster. L’intéressée compte déjà sept albums derrière elle, mais on la découvre tout juste de côté-ci de l’Atlantique. Du banjo, des guitares sèches, un chant qui semble avoir traversé les siècles (évoquant parfois Moriarty mais en vachement mieux), des mélopées folk acoustiques et dépouillées… On pourrait nager en plein revival retro-vintage un peu rance. Mais non, ici pas de clichés, ni de faux vieux : il y a une énergie, une justesse, une force vitale… et des putains de mélodies bien arrangées dans son dernier disque, qu’on espère bien retrouver « live » vendredi au Jaja Divin.

 

Concerts gratuits aussi le samedi et le dimanche au Village, où vous n’aurez aucune excuse si vous ratez Loup Barrow. Ce musicien anglais, Rennais d’adoption, y jouera le samedi à 12h30 et le dimanche à 14h. Entre punk-rock, folk médiéval et musique contemporaine, Loup Barrow mêle son chant puissant aux voix magiques d’instruments rares et intriguants, comme le Cristal Baschet, le Dulcimer ou l’harmonica de verre. Ce jeune multi-instrumentiste, qui collabore par ailleurs avec Serge Tessot-Gay (Noir Désir) et Dominique A, transcende les genres pour explorer des mondes nouveaux, parfois déroutants, jamais arides.

 

Samedi après-midi de toute façon, il ne faudra pas décoller du Village : après Loup Barrow, on se mettra tranquillement en jambes avec l’afro-jazz-funk ultra-groovy de Marabout Orkestra, mené par le saxophoniste lavallois Johann Guihard.
Après un petit détour par le marché du disque, histoire de s’offrir une jolie rondelle vinyle et un petit showcase à l’oeil, retour au Village à 16h pour Joy Squander, jeune duo du 5.3 qui mijote dans son labo une mixture imparable à base de beats hip hop brise-nuques, de basses bien fats et de scratchs démoniaques, le tout servi sur des nappes aux motifs deep house cosys à souhait.
Fin de (première) party, avant la teuf au Patio et à l’Arène, avec le folk atmosphérique et les belles harmonies vocales des Caennais de Samba de la muerte.

Au Patio pour les impatients !

Pas de répit pour les mélomanes qui sortiront des bars ou du bateau-concert à l’heure de l’apéro, le festival a prévu du lourd dès l’ouverture du site payant et les premières notes au Patio (sous le chapiteau). Le vendredi, on ne loupera ainsi pour rien au monde les chansons pop et reliées avec le cosmos de François & the Atlas mountains. Et quand bien même on les aurait déjà vu quatre fois sur scène : chaque concert est différent, imprévisible, parcouru par une liberté folle et une intuition magique pour toucher le centre névralgique de nos émotions. Emmené par le charisme magnétique de François, au diapason de merveilleux musiciens, voici peut-être le meilleur groupe de live en France depuis quelques années.

 

Lanterns, le dernier album de Son Lux est éclairé d’une lumière noire. Sombre sans doute, brillant à coup sûr, ce disque recèle en tout cas quelques tubes implacables, bandes-son impeccables de l’époque. Évoquant par sa voix à tomber par terre le dubstep mélancolique de James Blake, l’Américain semble ne fixer aucune limite, passant du rock au hip hop, de la pop à l’electro. Ses prestations live sont précédées d’une réputation plus que flatteuse. Grosse claque en perspective !
Autres claques prévisibles le vendredi soir : Dakhabrakha et sa transe sibérienne en chapska, et les Anglais de Breton, synthèse plutôt réussie entre colère froide new wave, écriture pop et expérimentations numériques bien d’aujourd’hui.

 

Le groupe qui ouvre les festivités au Patio le samedi mérite aussi toute notre attention. The Animen et leur pop garage et gouailleuse jette un pont entre la Suisse (ils sont Helvètes) et le Royaume briton, avec un savoir-faire mélodique qui rendrait jaloux bien des apprentis rockeurs anglais. Une fraîcheur irrésistible, quelques effluves fifties et influences rockabilly achèvent de rendre ce groupe infiniment sympathique.
À suivre de près aussi le samedi, les Belges de Girls in Hawaii, de retour aux 3LF avec un très beau nouvel album qu’on a hâte d’entendre jouer live.
On en recause ce week-end ?