« Tourne la terre », le deuxième album des cinq zigotos formant le plus slave des groupes mayennais sort enfin. Pour Bajka, il ne s’agit pas de présenter de nouveaux morceaux, préludes à une gigantesque tournée internationale. Non, non, nos gaillards veulent permettre à leur public de retrouver sur disque une trace de leurs concerts. Pour qui a déjà assisté à une prestation enfiévrée de Bajka (trompette, sax soprano, tuba, accordéon, batterie), Tourne la terre présente effectivement un air familier.
Mais au-délà de ces retrouvailles, ce second disque réserve aussi de belles surprises. Notamment, dues à des collaborations judicieuses : la première sur 3 morceaux avec Micha Passetchnik, le Biélorusse du groupe Translave qui apporte de la puissance et, oserons-nous dire, du souffle avec sa trompette.
Mais la perle du disque est sans conteste « Gira la Terra », un morceau épique de près de 7 minutes, né d’une belle rencontre avec la chanteuse italienne Loredana Lanciano. Celle-ci possède une voix fabuleuse… : tantôt gouailleuse, tantôt empruntant un timbre d’opéra, et nous livre un numéro virtuose de dialogue suraigu avec le sax. Plus encore qu’avec leur premier album, les Bajka réussissent ici à retranscrire la chaleur et la spontanéité qui se dégage de leur musique en concert. On vibre sur un temps suspendu, une transe retenue qui finit par exploser de joie, on écoute les instruments qui respirent, les notes qui vivent. Et on est fait comme un rat, prêt à suivre n’importe où le cortège de cette fanfare enchantée. Tourne la terre tourne la tête, et c’est un plaisir.