Écouter du free n’est pas un acte à réserver aux initiés. C’’est au contraire fort recommandable pour s’ouvrir les oreilles et l’esprit (à condition bien sûr de se mettre dans une véritable position d’écoute et de concentration).
Ici un duo saxophones/percussions : le Mayennais Guillaume Bellanger aux anches et le Manceau Arnaud Benoist aux baguettes développent dans la durée (dix minutes en moyenne) quatre pièces qui portent quatre prénoms féminins. (Du) carton rouge pour la pochette fort chouette, sobre et design, du genre qui vous démontre qu’un cd peut être un objet véritablement sympa. La marque de fabrique du « Petit Label », petite structure normande qui publie toutes ses productions, dont celle-ci, de manière artisanale et en série limitée.
Un avant-goût avec « Louise » : batterie dense dans l’urgence, sax incantatoire s’égarant sans cesse. Quelques secondes de répit à peine, éparses, et un tambour bouddhiste marque l' »accalmie » avant la relance d’un saxophone-klaxon-langue-de-belle-mère survolté qui finit seul, égaré, illuminé, mais non moins célébré en clochettes et tambours. On se rapproche enfin du chaos puis extinction de sax. Les grigris accompagnent la sortie d’une batterie en ébullition.
Vous trouverez de l’émotion primitive sur ce disque, du souffle qui crépite, de la subtilité percussive, et… un seul cri humain (les autres ne sont qu’artefacts produits par des anches et des becs fort bien martyrisés). En bref, une matière sonore baignée d’urgence à déguster avec considération.