Il y a des disques, comme celui-là, qui débarquent de nulle part. Enfin presque. Car avant Captain Ad Hoc, il y avait No Buzz. En 2008, ces deux jeunes types pondaient dans le plus total anonymat une maquette qui laissait entrevoir de beaux prolongements.
Deux ans et un changement de patronyme plus tard, le Captain revient à l’’abordage. Avec à la barre le même équipage, Medhi et Yoan, et dans la soute une cargaison de pop synthétique de la plus belle eau. Dans la cabine de son home studio, le duo bricole avec amour des chansons électroniques, fragiles et sensibles, cousues de samples de cordes, de grosses basses ronronnantes, de synthés vintage ou de vibraphones carillonnants. Ici, ça crépite comme chez Aphex Twin ; là, viennent claquer des cymbales tout droit sorties de la techno de Detroit… Car même si les rythmes restent downtempo, on est souvent plus loin du chill-out que du dancefoor. Mais un dancefloor alangui, où se diffuse une sorte de tristesse bienheureuse, une mélancolie confortable.
Troussant d’imparables mélodies et soignant ses productions, le Captain a pris de la bouteille. Et surtout, divine surprise, il s’est adjoint les services d’une chanteuse, au timbre délicieusement sensuel et légèrement acide. Une voix où vibre un charme mystérieux, d’intrigantes fissures, un spleen insondable, étrange mélange de sérénité et de sanglots retenus. Pas chien, à cette voix féminine notre commandant bicéphale a offert ses plus beaux écrins. Ainsi, sur les titres les plus réussis du disque, le chant de Gwen vient, dans un contrepoint parfait, effleurer celui de Medhi. Sommet d’un album qui en compte de nombreux, le petit bijou « Tears in Tea Bags » (rehaussé par l’intervention de l’excellent rappeur Oxion) vaut à lui seul qu’on télécharge ce No feature. Pas mal pour un disque sorti de (presque) nulle part.