Dans la morosité hivernale, l’album de Florian Mona fait l’effet d’une douce brise printanière qui vous caresse la nuque, avant de venir chatouiller vos tympans. Porter ce collier de 11 perles pop-folk, c’est, durant 40 minutes, s’entourer d’un cocon qui vous préserve des mauvaises ondes et du cynisme ambiant !
Florian Mona s’impose comme un remarquable « metteur en sons » et empile nappes harmoniques, rythmiques et petites mélodies familières pour fabriquer en miniature des cathédrales sonores cristallines. Banjo ou xylophone, boîte à rythme ou harmonica, choeurs poppy ou gimmicks electro se chevauchent pour tisser un patchwork en Technicolor, toile de fond aux voyages de poche de ce conteur rêveur.
On débarque à Toronto sous la neige et nous voilà l’instant d’après embarqué au son d’un banjo « dans un crasseux road-movie », avant qu’une boîte à musique nous guide vers la banquise, pour des nuits chaudes entre les ailes d’une esquimaude.
Ici, point de chansons mollement engagées ou d’histoires de bobos dépressifs, mais des petites bulles chatoyantes, où la mélancolie cotonneuse se marie à un onirisme pastel, jamais mièvre. Dame Nature est l’invitée d’honneur de cette poésie fragile, au lyrisme modeste, où un papillon effleure des fourmi-lions, et les sirènes des poissons de nuit.
Florian Mona « fait du lèche-vitrine dans nos pensées sous-marines » et fait scintiller nos souvenirs enfouis, façon madeleines de Proust : des siestes allongés dans l’herbe, des vacances à la mer, nos premiers émois amoureux et des nuits d’été à la belle étoile… On connaissait le sourire énigmatique et un peu triste d’une célèbre Mona. On saura désormais qu’à l’écoute de ce Mona-là, s’imprimera sur nos lèvres un même air de spleen radieux.