Quel élan intime peut pousser un photographe à promener son appareil au cœur d’anciennes régions industrielles sinistrées, de zones portuaires tentaculaires, de carrières et autres cimenteries ?
Au fil de plus de dix ans de pérégrinations photographiques, Laurent Gaudart a fini par le comprendre : il doit sa fascination pour les paysages industriels à son enfance passée au pied des tours de La Défense à Paris. Un voisinage qui « a induit [en lui] la croyance que le béton est un élément naturel qui pousse en permanence vers le ciel ».
Sebastião Salgado, Mitch Epstein… Nombre de photographes ont exploré ces territoires de bitume et d’acier. Mais le regard du Parisien s’est d’abord forgé avec le cinéma ou la peinture. Il cite en vrac ­Tarkovski, Kubrick, Le Douanier Rousseau ou Balthus.
Entre la beauté plastique de ces images parfaitement composées, et les réalités funestes qu’elles montrent, l’œil hésite. Façonnés par l’homme, ces paysages sont vides de toute présence humaine. La nature y semble en sursis. Comme si la vie avait abandonné ces zones inhospitalières, tristes royaumes dont les seuls habitants sont des machines aux pilotes invisibles.

À voir
Exposition à La Maison Bleue à Craon, du 13 mars au 11 avril. En savoir plus.