Certains s’escriment à faire des rimes pour la frime. Depuis plus d’une dizaine d’années, et autant d’albums et de projets, Foodj a prouvé qu’il n’était pas là pour le bling bling et les bimbos en string sur le bord de la piscine. Drogué au hip hop, comme il l’avoue dans son nouvel album : Foodj a besoin chaque jour de « sa dose » de musique. Fondateur du groupe West Sound, boss du label Madrigal, producteur de flopées d’instrus pour des myriades de rappeurs, MC au sein du groupe hip hop « live » Sine Qua Non, Foodj a trouvé le temps de mijoter un nouveau disque, son premier en solo.
21 titres. Le b-boy « originaire d’la province » est un boulimique du beat. Et à l’instar de tous les super productifs, il y a parfois du « déchet dans son jeu », comme ils disent dans L’Équipe. Dribbles un peu larges, passes légèrement téléphonées… Dommage que quelques facilités viennent un peu baisser le niveau de jeu, pourtant de première catégorie sur des morceaux comme « Ma musique », « À notre image » ou « Léon & Samuel ».
Au fil des titres, Foodj enfile les perles lyricales (« Chacun veut sa part du ghetto »), et les invités (plus d’une dizaine) défilent à la pelle. Comme les influences que le disque égrène pêle-mêle : sons synthétiques et autotune « à la Kayne West », pied basse dancefloor, incursions reggae ragga, funkerie très « Hocus Pocusienne »… Ouvert et décomplexé, Food touche à tout, au risque parfois de perdre l’auditeur. On se raccroche alors à cette colère sourde, à ce blues qui traverse l’album de part en part, à ce flow, versé bien noir. Noir comme un café serré, amer et long en bouche.