Le reggae est une musique tellement populaire, tellement jouée, que lorsqu’un album vient à sortir, la même question surgit inévitablement : le groupe a-t-il réussi à marquer son identité, sans toutefois trop trahir l’esprit du reggae ? Avec ce quatre titres tout frais pressé, nos huit Mayennais d’Ibogatura passent plutôt bien le test. Les puristes retrouveront dans ce premier disque éponyme tous les ingrédients qui font le ferment du reggae : les riddims qui vont bien, le skank chaud des guitares, les paroles classiquement engagées mais pas stéréotypées (on ne nous sert pas du « jah rastafari » à toutes les sauces), contre la haine, Al Quaeda, les xénophobes et pour l’amour entre les peuples…
Ibogatura nous propose un son clair, tant par le timbre de voix de Jeff, son chanteur, que par la scansion hypnotique de la guitare rythmique (il n’y a pas de claviers). Toute la chaleur vient de la section cuivres (trompette, trombone, sax et… basson), qui s’en donne à coeur joie avec des chorus bien emmenés, notamment sur « Zubrowska », un morceau instrumental qui balance pas mal. Lorsque tout cela se met en branle pour un ska de derrière les fagots, on se met à sautiller imperceptiblement. Ça joue bien là-dedans, ça tourne rond ! Et lorsque leur reggae dévie vers le jazz, on en redemande…
Ibogatura vous donne les clefs pour vous évader du quotidien gris et pluvieux de l’hiver, n’attendez pas !