Dans le doux cocon du Théâtre de Mayenne, Tranzistor l’émission se la joue solo, avec trois artistes qui évoluent sur scène en solitaire : Johannes, Emissaire et Brasier.

Après une première édition en mode livestream (Covid oblige), l’émission live revient en public dans ce petit bijou qu’est le Théâtre de Mayenne.

 

Lustre à pampilles, colonnades, stuc et velours rouge… Ce décor rococo et suranné sied à ravir à l’univers au romantisme « très 19e siècle » de Johannes. Inclassable, sa musique entremêle les repères stylistiques et temporels, varie les climats et atmosphères, entre épure minimale et envolées orchestrales. La beauté classique du violon rencontre des boucles électroniques discrètement hypnotiques. Des guitares électriques abrasives se marient aux harmonies vocales élégiaques que ce multi-instrumentiste de formation classique superposent délicatement. Son chant singulier, presque androgyne parfois, achève de brouiller les pistes.

Sur scène, Johannes alias Jérémy Frère chante et joue sa vie. La seule chose qui m’intéresse, confie-t-il, « c’est le sensible ». Il se livre tout entier, porté par les émotions profondes dont on jaillit ses chansons. On vibre à l’unisson.

 

Pas de filtre non plus pour Emissaire, ni de personnage derrière lequel se cacher. Fondamentalement sincères, les chansons de Cyril Catin sont le reflet de ce qu’il est. Un jeune mec de 30 ans qui ose, avec tout le courage que cela demande, se lancer seul sur scène, poussé par le besoin vital de chanter et mettre en musique ce qui le traverse.

Le chant est clair, puissant et solaire, presque soul. Le jeu de guitare explore des accordages atypiques, venus notamment de la musique irlandaise. Ce qui confère aux compositions une souplesse et une fluidité aérienne. Loin de l’orthodoxie folk, à laquelle la très éprouvée formule guitare-voix pourrait le ramener, les inspirations d’Emissaire, de l’homme-orchestre Sufjan Stevens au metal, l’emmènent ailleurs. Vers des constructions ambitieuses, des rythmiques tordues et des sonorités inattendues… sans jamais perdre le fil de l’évidence mélodique.

 

Fondu au noir. Brasier brûle d’un feu intérieur, où flambe férocement tous nos faux-semblants, nos hypocrisies et petites lâchetés. Avec ce nouveau projet en solo, Nicolas Boisnard sonde, en parallèle de la « chanson pop fraternelle » d’Archimède, les tréfonds de l’âme humaine. Plongée du côté obscure de la force.

Titulaire d’un master 2 de philo, il met ici à l’épreuve la catharsis chère à Aristote : « montrons et nommons ce qui fait mal, ce qui nous fait peur, pour ne plus le craindre et le dominer ». Ciselés au scalpel, les mots sont au cœur de ce « projet à l’ambition littéraire », truffé de trouvailles stylistiques, de double sens… Le flow, entre déclamation slam, chanson pas chantée et rap, est propulsé par des instrus où se frottent beats electro, samples gospel et distorsions punk.

Impeccable, le show, mené tambour battant, déroule ses constats implacables, réveillant une colère, vitale, contre la brutalité de ce monde.

 

Une émission proposée par Mayenne Culture, en partenariat avec Le Kiosque, Pampa !, L’Autre radio et L’Œil mécanique.

 

Chaque premier jeudi du mois à 21h sur L’autre radio, Tranzistor l’émission accueille un acteur de la culture en Mayenne : artiste, programmateur, organisateur de spectacle… Trois fois par an, Tranzistor part en « live » pour une émission en public. Au programme : interviews et concerts avec deux ou trois artistes en pleine actualité.

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