Vous reprendrez bien une « punch line » ? Petit cours de vocabulaire hip hop : une « punch line », c’est la phrase sortie de derrière les fagots qu’on fracasse au beau milieu d’un lyrics comme une pierre dans les nouveaux vitraux du palais de justice. « Faut-il une mort pour que l’opinion soit touchée ? Dans ce cas, qui parle de racaille et de sauvageons aura la gorge tranchée, j’me radicalise, trinque, tise quand mon pays agonise et kiffe quand les sirènes entonnent leurs vocalises, ma plume, ma béquille, mais je vacille et tombe quand je vois ce monde où rugissent les grenades. L’amour est mort, diagnostic du légiste : on l’a assassiné de Sarajevo à Bagdad ». Si ça vous intéresse de rédiger la définition de « punch line » pour le Petit Robert, alors attrapez l’album de Katarsis au passage, ça pourrait bien vous servir. Car L’encre de nos plaies est blindé de ce type d’exemples. Mais au-delà de ses qualités esthétiques (lyricales comme musicales) et de son engagement, leur musique pose une atmosphère crépusculaire, fouille ces fissures intimes que l’on trouve aussi dans nos propres chambres et qui lézardent les plafond de nos nuits d’insomnie.
Il y en a donc à qui on cracherait bien à la figure, seulement cette fois-ci on préfère leur expliquer le pourquoi du comment. JP, Almereyda, deux Mc’s, deux personnalités bien marquées et démarquées, deux esprits cueillis à maturité, deux flows et sept instrus qui déboîtent (signées JP et Arm de Psykick Lyrikah pour un titre) pour ce deuxième disque homogène et monolithique comme un pavé dans la marre. Un essai réussi annonciateur d’une suite encore plus aboutie, où Katarsis tentera en toute légitimité d’apporter son parpaing à l’édifice.