L’ASDA (Les 3 Éléphants), Triangle association, Payaso Loco, Au foin de la Rue : autant d’associations actives, aux démarches originales et positives, qui font « vivre » le département. N’avez-vous jamais eu envie de savoir qui sont les gens derrière ces assos, et quelles sont leurs envies, leurs idées, leurs projets ? Après le succès de leur soirée les Foins d’hiver à Bonchamp, réponses avec Nicolas Bernard, président de l’association Au foin de la Rue.

[Entre mai et septembre 2014, Tranzistor fête son numéro 53. Un numéro spécial qui revient sur près de 15 ans de musiques actuelles en Mayenne. L’occasion de « re-publier » des articles parus durant cette période, et faisant écho à l’actualité.
Alors que la 15e édition du festival Au Foin de la rue démarrera le 4 juillet prochain, retour aux sources avec une interview de Nicolas Bernard, président de l’association en 2003. Un article publié dans le n°11 de Tranzistor]

 

« Dans le nom de notre asso, Au Foin de la Rue, il y a tout ce qu’on est et tout ce qu’on veut dire : ce qui nous importe, c’est « la rue ». Le festival, l’association sont nés dans la rue… et l’on restera attaché à ça. Lorsque le festival a été créé en 2000, c’était après dix ans d’expérience dans l’organisation des fêtes de la musique à Saint Denis… et si pour des raisons de sécurité et d’organisation, petit à petit, le festival s’est déplacé vers des sites clos, une des journées les plus importantes pour nous reste le samedi, ou pendant l’après-midi, les gens de Saint Denis de Gastines et d’ailleurs peuvent voir des spectacles et des concerts dans les rues du village. On tient à garder cet espace de gratuité et d’accessibilité. L’asso, c’est un festival sur deux jours pendant l’année mais c’est aussi tout le reste du temps l’organisation d’autres événements… et notre première envie c’est de faire des spectacles, de la « culture » dans la rue… au contact des gens. Dans la rue, tu vas vers les gens, tu les chopes dans leur quotidien, ils n’avaient pas forcément prévu d’aller voir un spectacle et ils restent scotchés… et puis c’est gratuit, et on tient à ce que les spectacles qu’on organise soient accessibles à tous… Nos projets futurs tendent vers ça. L’objectif n’est pas de faire de l’argent, c’est secondaire, on veut faire plaisir aux gens, qu’ils ressortent avec le sourire.

La foin de la rue touch’

On a une identité très forte. Sans doute parce que les gens de l’asso ont toujours voulu faire à leur sauce, à leur idée. Ils ont mis d’eux-mêmes dans le festival. Ce qui illustre le mieux ça, c’est la déco que l’on retrouve sur tous les événements que l’on organise. On a su tirer parti du talent des gens, de leurs idées parfois délirantes, pour créer une image un peu bricolée, une ambiance qui fait notre identité. Je ne connais pas de festivals, en dehors de la Mayenne, qui fasse ça. D’ailleurs, c’est marrant de constater qu’autant aux 3 Éléphants, qu’au Foirail, il y a cette volonté de créer un lieu à part, tout en mettant en valeur ou en travaillant à partir du cadre, du local. Ça reflète peut être un esprit mayennais… Une autre caractéristique de l’identité « Foin de la rue », c’est l’esprit convivial qui règne dans l’asso et lors du festival… Il y a plus de 250 personnes qui bossent sur l’organisation, le club du troisième âge de Saint Denis nous aide à monter les stands… Cette convivialité qu’on veuille la préserver ou pas, restera l’esprit de l’asso, c’est à la base…

Une question d’ouverture

La particularité du foin de la rue, c’est que l’équipe est composée de gens de tous les horizons… de Laval, Vitré, Fougères, Rennes… C’est ce qui m’a donné envie d’entrer dans l’asso, l’esprit d’ouverture des gens. Même lorsque tu n’es pas du village, et que tu es nouveau dans l’asso, on t’écoute et on te prend en compte. Ça a toujours fonctionné comme ça. Si par exemple, sur telle ou telle question, on ne peut pas répondre, on cherche dans notre entourage plus ou moins proche, des gens compétents pour nous aider, et l’équipe s’enrichit d’un nouveau membre… On ne reste pas fermés sur nous-mêmes, à fonctionner en vase clos.

Une organisation béton

L’asso, je ne la comparerais pas à une entreprise parce que pour nous c’est l’esprit associatif qui compte, mais en termes de fonctionnement et de gestion, on essaie de se rapprocher du fonctionnement d’une entreprise. Il y a une équipe permanente de 40 bénévoles qui participent à toutes les décisions : c’est d’abord leur asso. Chacun fait partie de commissions (communication, programmation…) au sein desquelles il y a un responsable d’équipe. Le truc super important, c’est la communication interne. Il faut que l’info passe le plus rapidement et le plus efficacement possible. J’ai vu trop de situations bloquées par manque de communication entre les bénévoles.
De ce point de vue, l’arrivée d’un salarié dans l’asso a changée plein de choses. En terme de communication interne comme externe, on gagne en efficacité… Et puis ça nous oblige à être plus carrés, plus pros. On va pouvoir enfin mettre en oeuvre des projets qu’on avait depuis longtemps et qui ne pouvaient se monter, faute de temps.
Un autre point super important, c’est d’être réglo avec les élus locaux, la mairie. Quand il y a de la casse lors du festival, on assume et on en prend en charge. Les élus de Saint Denis nous soutiennent depuis le début et on a tout fait pour… Mais je crois qu’ils ont compris quelque chose d’essentiel : le festival, c’est l’image de la commune. Grâce à nous, on parle de Saint Denis de Gastines à 400 km de là. Les festivals font beaucoup pour l’image de la région, on attire des milliers de personnes…. Malheureusement certains élus n’en sont pas encore conscients, ils pensent qu’on organise une sorte de « kermesse ». Ils ne mesurent pas l’ampleur du phénomène et ne nous aide pas en fonction… Résultat à chaque fois qu’on organise quelque chose, on met en danger la vie de l’asso. On est toujours obligé de penser en terme de survie.

Transmettre

Pour terminer, j’aimerai insister sur l’importance de la notion de transmission : c’est une volonté forte de l’asso de penser au renouvellement des membres de l’équipe. C’est important pour nous qu’il y ait des gens de 15 ou 16 ans qui participent tout au long de l’année à l’organisation du festival… Ils nous remplaceront. D’ailleurs, on a mis en place un système de stage la première année que quelqu’un entre dans l’asso. Demain je serai peut-être ailleurs, mais eux ils seront là, avec leur propre identité, qu’ils voudront défendre. »