Le saxophoniste Johann Guihard, pilier fondateur du Marabout Orkestra est un digger infatigable : il creuse au plus profond des bacs de vinyles poussiéreux pour trouver des pépites musicales venues d’autres temps, d’autres pays. Il ne pouvait donc en être autrement : Marabout sort un 45 tours stylé. L’auditeur y découvre deux pépites venues, cette fois, de notre temps et de notre pays, mais avec un pied là-bas, et un autre ailleurs. À déguster comme un fruit savoureux ramené de ces voyages en platine. Nos éléphants soufflants de Marabout poursuivent leur route panafricaine, puisant dans les racines pour faire naître des fleurs métissées inouïes.
« Sahara » nous transporte quelque part entre Nouakchott et Ghardaïa. La voix aérienne de la Franco-Algérienne Leïla Bounous, invitée par le groupe, pose une douceur quasi celtique, contrastant avec la chaleur désertique qu’on imagine de plomb. Puis, les guitares blues touaregs installent leur lancinante et syncopée mélopée pour accompagner le chant. On n’a plus qu’à se laisser porter par le souffle du vent, le souffle des vents.
Le temps de retourner le disque et on se retrouve sous le moite Équateur. « Chérie Nata » est composé par Noumoucounda Cissoko, joueur de kora et chanteur sénégalais, mais pourrait aussi bien sortir d’une boîte d’Addis-Abeba. Quelque part entre ethio-groove et mbalax, ce morceau insuffle une transe frénétique, rythmée de percussions légères mais pressantes, et par le son granuleux et délicieux du sax baryton. Parfait pour dérouler le thème et les impros inspirées.
Par la fenêtre, la pluie d’automne n’a plus la même couleur.