Pour parler de l’univers de Montgomery, je crois qu’il est d’abord préférable d’éviter toute étiquette de style. Ça ne collerait pas. Disons que c’est rock au sens large, mais le premier mot qui me vient, c’est OVNI.
Parce que, à la première écoute de ce maxi 5 titres, on ne peut être que surpris. On se rend compte immédiatement que ce qu’ils font est unique. En ce qui me concerne, j’étais perplexe. Tout ce que je savais, c’est que ça me filait le smile. Puis au fil des écoutes, ce qui apparaît d’abord comme un bricolage, une déconnade, un truc pas sérieux, se révèle être une oeuvre complexe, un travail sur la mélodie qui les entraîne jusqu’à une maîtrise impressionnante de la dissonance. Se crée alors cette atmosphère si particulière, qui sert parfaitement le texte.
Car, si de prime abord, celui-ci est aussi « rock’n’roll j’en foutiste », il cache en fait une ironie piquante sur le monde actuel. « Dehors le monde a explosé. Reprendrez-vous du champagne ? », chante nonchalamment sur « Champagne » un personnage qu’on devine gros bourgeois, hors des réalités dans son cocon jet set. Un titre langoureux de minauderies, au rythme baillant comme le texte. Je comprends ce qui me donnait le smile. Les Montgomery parlent de la bêtise humaine en incarnant eux-mêmes ces imbéciles des temps modernes, comme ce « moi », personnage aux chevilles hyper gonflées qui veut faire un film sur… lui-même. Un humour décalé, servi par une interprétation subtile et assumée, avec cette voix tantôt écorchée, tantôt vibrante.
Moi qui critiquais les articles journalistiques trop systématiquement élogieux, il faut que je tombe sur cette perle d’ingéniosité. Pas de chance, je suis obligé de le dire : j’adore.