Trois ans après son premier album, Morro revient avec Le rythme des caractères, nouvelle galette de 12 titres. Même s’il s’est fait plus rare dans nos contrées ces derniers temps, l’homme a fait son bonhomme de chemin en dehors des frontières du 5.3, et a gagné une belle maturité. Pari osé que de tout faire soi-même : des textes aux compositions jusqu’aux dessins illustrant la pochette, Morro a réalisé son nouveau disque de A à Z. Et le pari est tenu haut la main. En toute simplicité et avec une redoutable efficacité, Morro se la joue multi-instrumentiste, passant de la guitare à la basse, de la batterie à l’orgue… Une démarche qui n’est pas sans rappeler l’excellent chanteur Batlik, qui d’ailleurs a participé activement à l’enregistrement et à la production de ce disque.
Tout au long de l’album, on se laisse bercer dans un univers intimiste où Morro manie avec aisance rythmiques groovy et mots à sens multiples. Petites histoires de la vie et sentiments plus profonds s’accordent parfaitement aux mélodies. « Le cancre de Pennac » ouvre cet album et offre un titre qu’on verrait bien squatter les ondes. Texte pertinent avec l’« Homme électrique » dont on pourrait penser qu’il évoque un homme à talonnettes, actuellement au pouvoir… Mention spéciale pour le morceau « Histoire d’Aimé Fiévoux » où la guitare claque comme les jeux de mots qu’elle souligne. Petit virage teinté de reggae en fin d’album avec « Madame est damnée ». Résultat final : un album équilibré, coloré de chanson folk et d’influences afro-américaines (blues, rhythm’n’blues, soul…). Pas de beats ravageurs mais une musique simple et accessible à tous. « Autodidacte », le dernier titre de cet opus, définit à merveille ce « petit homme » : « autodicate et imaginatif ». Morro est tout sauf un cancre musical. Belle redécouverte.