J’attendais cette soirée avec impatience. Les trois-quarts du temps, je vais au concert sans vraiment connaître l’artiste programmé, histoire d’être conquise (ou non) par l’écoute et de vivre pleinement cette première fois, qui est souvent la meilleure. Mais j’avais déjà écouté de nombreuses fois l’album de Jeanne Added. Du coup question surprise, c’est avec Verveine que j’ai été servie.
On pouvait s’attendre à un groupe vu le nom, et puis une femme est apparue, un bonnet sur la tête, et quelques machines devant elle. Electro ? Pop ? Techno ? Ambient ? D’une chanson à l’autre, on oscille… Et au fond, on s’en moque : j’ai apprécié ce qu’elle a montré sur scène et c’est ce qui compte. Par ses paroles, son univers sonore et son attitude, la musicienne suisse a habilement démontré sa détermination, sa fragilité et sa force. Cette manière d’utiliser sa voix, non pas pour chanter, mais pour l’employer comme un instrument à part entière, qui se transforme, s’enregistre, se manipule comme une matière sonore totalement malléable… Elle maîtrise aussi parfaitement l’art d’enregistrer en direct ce qu’elle joue ou chante, pour avoir les mains libres de mixer, transformer ou surajouter un son sur ce même enregistrement. Bref, Verveine nous fait voyager et partager ce qu’elle aime. En retour, on ne peut qu’apprécier sa sincérité et ce qu’elle dégage sur scène.

Petite pause, le temps d’un verre, et d’observer petits et grands, tous aussi impatients que moi d’entendre en live la découverte des Transmusicales 2014. Jeanne Added, en compagnie d’un batteur et de Narumi Hérisson aux claviers, nous a transportés dans l’univers chaotique et si délicieux de son premier album. Pas de surprise, toutes les chansons de Be sensational y sont passées, sans mystère. Seulement là, c’était du live et ça change tout. Dès le début, nous sommes enveloppés dans leur monde. Sur les deux premiers titres, comme une hésitation. Ce tremblement à peine perceptible, cette assurance qui tranquillement s’affirme. Les sentiments et les émotions prennent place et nous, public, disparaissons et devenons regard. Et eux, sur scène, ne sont plus que voix, musique, un son qui nous aspire. À chaque chanson toujours un peu plus : des applaudissements accrus, des cris d’encouragement croissants, des choeurs sur « Back on summer », des sourires aux premières notes de « A war is coming ». Un délice, d’autant plus que « Lydia », une des chansons les plus singulières de l’album, est rallongée, dans une version live absolument magique. Tour à tour, chansons joyeuses ou tristes, envoûtantes ou dansantes, le groupe vibre à la mesure de sa musique. Il n’y a qu’à regarder le visage de Jeanne Added, ou sa manière de danser et de prendre son pied ou même tout simplement de nous parler comme si nous étions ses potes… instaurant une intimité prenante, immersive.
Une soirée envoûtante, toute en irréalité, rêverie et finesse. Oui, une soirée magique, pour oublier qui nous sommes et se laisser absorber dans l’immensité du monde et du public qui nous entourait. Bye.